Lancée en 2017, la société Nox propose des solutions particulièrement innovantes pour conserver les matières alimentaires en vrac à l’aide de CO2. Depuis août 2019, elle propose un tout nouveau procédé de conservation des grains en big bags sous atmosphère modifiée faisant intervenir de la glace carbonique.
Les solutions de stockage post-récolte des grains ne sont pas toujours des plus simples, et les agriculteurs et industriels recherchent des solutions de conservation de plus en plus naturelles. Bien que certains grands instituts aient engagé des recherches à ce sujet, à l’image de l’INRA et de l’Université de Hohenheim en Allemagne, aucune solution n’avait jusqu’ici été déployée à l’échelle opérationnelle. Pierre Poujaud, responsable de la jeune société Nox, déclare : « Après deux ans de développements, nous avons commencé à commercialiser fin 2017 notre solution brevetée de conservation basée sur le CO2. Nous proposons des solutions au format big bag, qui est aujourd’hui un format universel. Nous avions plusieurs types de profils utilisateurs qui ont manifesté un réel intérêt pour nos solutions, tels que les agriculteurs, les semenciers ou les grands industriels, qui ont soit une démarche préventive, soit une démarche curative ». Aujourd’hui, la solution Nox est proposée depuis un an et demi et les retours terrain sont très positifs.
L’anoxie comme meilleure alternative
L’anoxie, qui consiste en un traitement par atmosphère modifiée ou contrôlée, permet une action anti-insectes et joue également sur la bactériologie. Le CO2 a un réel effet sur la matière : son interaction avec le produit permet de le stabiliser, et de rendre la conservation plus efficace et plus longue. « La diminution du taux de dioxygène permet de considérablement ralentir le rancissement, explique Pierre Poujaud. La conservation par le froid a un coût énergétique assez élevé, tandis que la diatomée est compliquée à utiliser pour les produits alimentaires et pas forcément efficace sur de grands volumes. La phosphine constitue une alternative, mais elle comporte quelques inconvénients comme, par exemple, celui de la toxicité pour l’homme et la mise en place opérationnelle. L’anoxie apporte un gain de conservation énorme par rapport à l’atmosphère normale. La solution Nox peut être comparée à la fois à des solutions curatives ou préventives. »
CO2 liquide et CO2 solide
Jusqu’à maintenant, Nox fournissait essentiellement une source liquide de CO2, sous forme de bouteilles livrées chez les clients. Depuis cet été, la société propose en parallèle une solution de glace carbonique, qui se présente sous forme de bâtonnets. Pierre Poujaud explique : « Même si nous parlons de glace, il faut savoir que ces bâtonnets ne comportent pas d’eau à l’intérieur. Lorsque cette glace fond, elle dégage du CO2 de manière plus concentrée. Ces bâtonnets permettent également de s’affranchir de la logistique nécessaire à la gestion des bouteilles et permettent un conditionnement simplifié ». La glace carbonique est un consommable et s’adapte particulièrement bien pour une utilisation « juste à temps », tandis que le CO2 liquide sera dédié à une utilisation continue dans le temps. Les deux formes ont leur intérêt, leurs avantages et leurs inconvénients. Le responsable ajoute : « Nox propose des solutions clés en main en fonction du type de produit et du tonnage : nous assurons la livraison du matériel et des saches, l’approvisionnement en CO2, le suivi client, etc. Nous sommes aujourd’hui cinq collaborateurs dans la société, et nous travaillons principalement en vente à distance ».
Les ambitions de Nox
Pierre Poujaud nous partage les ambitions de la société à court et moyen terme : « Nous avons pour ambition de faire de l’anoxie un nouveau standard de conditionnement, et de décliner ce que nous faisons actuellement pour les big bags sur d’autres formats, avec pour objectif de répondre au besoin de conservation tout en réduisant les coûts. Nous travaillons aujourd’hui des formats flexibles, mais nous développerons probablement à l’avenir des formats solides et plus gros, toujours avec le même concept. Il faut garder en tête que plus la taille du contenant est important, plus il est compliqué d’assurer l’herméticité et donc de maintenir une atmosphère modifiée ou contrôlée ». Concernant les cibles de Nox, on retrouve en premier lieu les agriculteurs et les semenciers. « Si nous souhaitons viser davantage les industriels, nous devrons travailler à automatiser notre procédé. D’une manière plus large, nous souhaitons démocratiser la solution de conservation. »
GROS PLAN SUR LA GLACE CARBONIQUE
Le procédé Nox augmente sa souplesse et sa vitesse d’utilisation grâce à l’utilisation de glace carbonique, ou glace sèche, qui est du dioxyde de carbone (CO2) sous forme solide. Sa température est de -78,5 °C. Cette glace carbonique se sublime à température ambiante. « 1 kg de glace carbonique apporte 516 litres de CO2, et selon les paramètres de remplissage, pour chaque espèce, 0,8 à 1,2 kg par big-bag Nox suffisent pour atteindre les taux de CO2 requis, explique Pierre Poujaud. Les résultats en termes de facilité d’utilisation et d’efficacité ont été validés sur notre station expérimentale de Toulouse. » Cette nouvelle source de CO2 est particulièrement bien adaptée pour le stockage à la ferme, car elle offre une source plus concentrée et un approvisionnement beaucoup plus flexible. D’un point de vue opérationnel les agriculteurs pourront demander l’approvisionnement via une interface en ligne pour être livrés sur site entre 24 et 48 heures.