Agriculture biologique: silos bio pour la Corab Centr’Atlantique

Le 03/02/2012 à 17:31 par La rédaction

La société d’intérêts collectifs agricoles « Silo Bio Ouest » vient d’inaugurer un silo 100 % bio d’une capacité de 5 000 tonnes dans le cadre d’un projet de plateforme de stockage et de transformation de produits biologiques à Saint-Jean-d’Angély (17). Un défi technique relevé par la coopérative régionale d’agriculture biologique Centr’Atlantique.

Le défi a consisté à déployer un mode de conservation naturel afin de ne pas utiliser de produits chimiques, y compris pour la vidange et le nettoyage des silos. Cela impose une maîtrise parfaite de la qualité des produits comme de l’humidité et de la température de stockage. Ainsi, la méthode de séchage a dû été renforcée par la mise au point d’un prototype en collaboration avec l’entreprise FAO (groupe Skiod) spécialisée dans la conservation et le stockage de grains. De même pour le tri, avec l’optimisation d’une machine permettant d’obtenir une qualité irréprochable à hauts débits. Le refroidissement, crucial compte tenu du climat local, est assuré par un système de ventilation renforcée deux à trois fois plus important que pour des silos conventionnels. Afin d’obtenir une vidange naturelle totale sans avoir à utiliser le traitement complémentaire, les cellules utilisées présentent des fonds coniques aux parois extrêmement lisses,…

15 cellules aux parois les plus lisses possibles

« Nous avons été amenés à nous impliquer très fortement dans l’ingénierie, car il n’existe pas de bureau d’études spécialisé », observe précise Jean- Louis Stenger, responsable du site, et directeur de la coopérative régionale. « Les bases de calcul restent conventionnelles et il a fallu innover. Pour la ventilation, nous avons également fait appel aux services de l’Etat en travaillant avec Arvalis, Institut du Végétal. »

L’une des difficultés réside dans le fait que la coopérative régionale d’agriculture biologique (Corab) spécialisée dans les grains 100 % bio regroupe une centaine de producteurs pour une collecte annuelle de plus de 6 000 tonnes comprenant plus d’une vingtaine d’espèces, du blé meunier au tournesol, en passant par le maïs pop-corn, le soja, le pois, le haricot, le sorgho,… Il était essentiel de tenir compte des spécificités de chacune d’entre-elles et de gérer l’indépendance des flux.

« Les 15 cellules, aux parois les plus lisses possibles pour éviter toute rétention, ont été redimensionnées afin d’assurer une ventilation et un refroidissement par pallier entre 5 et 7 °C, suffisamment rapide pour atteindre le coeur du grain, ainsi que pour abaisser l’hygrométrie », précise Jean-Louis Stenger, « Il est équipé de systèmes de tri performant, d’aspersion de poussières, de convoyage, de raclage, de brosses assurant des grains de haute qualité. »

Une structure ouverte à d’autres acteurs

Deux ans ont été nécessaires pour monter le projet, un an pour rassembler les financements, et à peine un an pour sa construction. Ce montage a été rendu possible par la création d’une société d’intérêts collectifs agricoles, la Sica « Silo Bio Ouest », regroupant autour de la Corab, six partenaires : Biocoop, Bioplanète, Céréco, Léa Nature, Bellot et l’UDCA. Le projet, d’un coût de 3 millions d’euros, a été cofinancé par les sept associés pour 1,100 M€, les subventions pour 1,150 M€ (Conseils général et régional, Fisia, Agence Bio) et le reste par des prêts bancaires. « Notre structure n’est pas figée, et est ouverte à d’autres acteurs partageant des valeurs similaires aux nôtres, désireux de s’investir », précise Édouard Rousseau, président de la Sica.. « Face à la mondialisation et une croissance tous azimuts du secteur, la situation n’est pas facile. C’est pourquoi il faut mettre nos intelligences et nos compétences en commun. »

Rassurer le consommateur avec une farine tracée

« Notre investissement dans ce projet s’inscrit dans la démarche de relocalisation et de régionalisation de nos approvisionnements », déclare Charles Kloboukoff, pdg du groupe Léa Nature basé à La Rochelle qui envisage de construire une biscuiterie dédiée à proximité du silo. « Il est nécessaire d’aider au maintien de la production locale et régionale, en encourageant les conversions et en faisant ensemble des économies d’échelle », souligne le patron de la marque Jardin Bio qui appose sur une centaine de références un logo interne « Producteurs Régionaux », garantissant qu’au minimum 70 % des ingrédients sont d’origine France. « Les consommateurs ont besoin d’être rassurés par des farines tracées », confirme Jean-Pierre Bellot de la minoterie familiale éponyme, qui écrase 5 000 t de blé bio (sur près de 90 000 t au total avec deux moulins dans les Deux-Sèvres). « Nous valorisons une farine locale de qualité, estampillée Poitou-Charentes, et cherchons à augmenter nos achats régionaux et français. » A la sortie de l’autoroute A10, le silo s’érige aujourd’hui telle une balise, surplombant un parc d’activité encore embryonnaire prêt à recevoir d’autres entreprises de la filière bio afin de créer un pôle agroalimentaire à vocation écologique.