Alors que le gouvernement veut inciter au report modal du fret en faveur du rail et du fluvial, les entreprises sont confrontées aux conséquences du désengagement de longue date de la SNCF puis de RFF dans l’entretien des voies capillaires, les lignes à faible trafic dédiées au fret ferroviaire.
Pour le transport des grains, le camion est incontournable quand il n’y a pas d’alternative modale ou pour les transferts de proximité, mais quand il est possible de se raccorder au réseau ferroviaire ou fluvial les coopératives ont investi, parfois massivement, pour les utiliser.
« Le manque d’entretien du réseau, aggravé par le désengagement financier de l’Etat au cours des dernières années, conduit Réseau Ferré de France à programmer un nombre croissant de fermetures de lignes », estime Coop de France métiers du graindans un communiqué diffusé début juillet. « Au cours des dernières semaines les annonces se sont multipliées, le gestionnaire d’infrastructure préférant fermer une ligne plutôt que de la remettre en état. Les entreprises sont mises devant le fait du prince, souvent sans préavis. Obligation de réorienter les flux, ruptures de charges, perte de certains débouchés, dévalorisation d’investissements… les conséquences économiques sont lourdes.
Mais les conséquences environnementales sont pires. Faute de rail les flux sont immanquablement réorientés vers la route. Et là, le calcul est simple : un train en moins ce sont cinquante camions de plus sur la route. »
Coop de France, qui a réalisé un sondage auprès de ses adhérents, estime à 40 % la part de ces flux qui transitent par des voies capillaires, leur fermeture remettrait en cause, pour les seules coopératives de ce sondage, le transport par fer de 2,1 millions de tonnes de grains. Actuellement transportés par 1 600 trains par an, ces flux mettraient sur la route 82 000 camions de plus par an émettant 64 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
Pour Christian Pees, président de Coop de France Métiers du Grain, ce transfert massif vers la route qui se profile est totalement contraire aux objectifs affichés par le gouvernement. Il faut d’urgence mettre en phase l’action avec le discours.