Les investissements réalisés depuis quelques années par Dijon Céréales dessinent en grande partie la carte des débouchés de la coopérative qui mise sur le fluvial et sur des capacités de stockage en augmentation.
« Nous faisons partir notre premier bateau pour la Chine via Fos-sur-Mer début septembre, avec 35-40 000 t d’orge ». Marc Patriat, le président de Dijon Céréales donne le ton dès le début de notre entretien. Fondée en 1993, Dijon Céréales est la première coopérative agricole de Bourgogne Franche- Comté par son chiffre d’affaires et son volume de collecte. Et l’export, via l’axe Saône-Rhône, se confirme aujourd’hui comme un point essentiel de son développement. « Nous produisons des céréales de qualité, et nous sommes aux portes des bassins importants de consommation comme la région Rhône- Alpes ou le bassin méditerranéen », ajoute Marc Patriat. Pour faire le lien entre les deux, il fallait le terminal céréalier de Pagny Val de Saône. Posé sur une darse dans un bras de dérivation de la Saône, le technoport de Pagny est aujourd’hui un point d’ancrage logistique majeur de la coopérative. Un silo de 30 000 t y a été inauguré il y a 6 ans, construit et exploité dans le cadre d’une union de coopératives (Dijon Céréales avec 110 Bourgogne, Bourgogne du Sud et Terres Comtoises).
Depuis, les activités du site de Pagny se sont multipliées. Le terminal a vu transiter près de 180 000 tonnes de céréales lors de la dernière campagne (acheminées par camions dans un rayon de 50 km et depuis quelques mois en train depuis des silos du sud de l’Yonne et du nord Côte-d’Or). Elles rejoignent ensuite Fos sur des barges fluviales, en un peu plus de 48 heures. Le site s’est diversifié avec la mise en place d’un stockage de tourteaux de colza qui reviennent de l’usine Saipol du Mériot après trituration de la graine produite en Bourgogne. Les tourteaux (environ 60 000 tonnes) sont ensuite valorisés en alimentation animale, en Espagne via le fluvial pour la majeure partie et sur le marché local. Depuis quelques mois enfin, un stockage d’engrais de 6 000 tonnes fonctionne sur le site. Livrés par bateaux ou par train, ils sont acheminés en contre-voyage de céréales vers les points de distribution des coopératives de la région. Dijon Céréales a envisagé son développement via le fluvial depuis une bonne quinzaine d’années. Une nouvelle pierre s’ajoute désormais à l’édifice, avec la construction d’un terminal céréalier de 33 000 t à Fos-sur-Mer (Port Saint-Louis) qui complète le dispositif à l’export de la coopérative. Ce projet est porté par Cérévia, union de cinq groupes coopératifs de trois régions (Bourgogne, Franche-Comté, Rhône- Alpes), avec les coopératives de la vallée du Rhône (La Dauphinoise, La Drômoise, Sud Céréales, Coop d’Orange et GPS Manosque), sans oublier le courtier Granit et InVivo comme partenaires.
« Cérévia nous permet de gagner en compétitivité. L’union fédère aujourd’hui un potentiel de plus de 3 millions de tonnes de céréales mises en marché, dont 40 à 50 % à l’export », précise Pascal Demay, directeur terrain et céréales de Dijon Céréales. La coopérative poursuit par ailleurs, sur son territoire de collecte, le développement et la rationalisation de ses capacités de stockage, notamment autour de grands sites stratégiques embranchés fer. Les derniers investissements ont eu lieu à Époisses (ouest Côted’Or, + 17 000 t en 2007) et pour cette moisson à Poinçon dans le Châtillonnais (+ 17 000 t). D’autres investissements devraient suivre en 2011 dans ce domaine. « Nos capacités de stockage se situent aujourd’hui aux alentours de 550 000 tonnes, auxquelles s’ajoute également le stockage en fermes chez les agriculteurs. Le stockage est un point essentiel dans le service de proximité que nous rendons à nos adhérents mais aussi pour la qualité finale et le coût logistique du produit que nous livrons à nos clients », explique Pascal Demay. Logistique multimodale, développement des capacités de stockage et du fluvial, ouverture portuaire, Dijon Céréales est d’attaque pour être compétitif sur tous les fronts des marchés.