Agroalimentaire : tous responsables
« Après le pacte pour l’emploi et celui pour la croissance et la compétitivité, voici venu le temps de la responsabilité.». La phrase fait sourire, non pas pour l’enthousiasme ou le scepticisme qu’une pourrait inspirer, mais pour sa clairvoyance. Il faut dire qu’elle n’est pas tirée des commentaires qui animent l’actualité depuis l’annonce début janvier du « Pacte de responsabilité des entreprises » par François Hollande, mais de la note de conjoncture de l’association nationale des industries alimentaires de décembre 2013.
L’Ania y souligne une nouvelle fois la dégradation de la situation des entreprises agroalimentaires. Reprenant, entre autres, le rapport de l’observatoire des prix et des marges qui alerte sur les résultats négatifs ou les marges très faibles de nombreuses entreprises et le constat de l’observatoire financier du Crédit agricole faisant état de la détérioration significative et continue des bénéfices avant impôts dans certains secteurs agroalimentaires, elle pointe du doigt, la « vive concurrence entre les enseignes de distribution qui risque d’entraîner les industriels de l’alimentaire dans la spirale infernale de la déflation » et réaffirme l’espoir d’un « passage aux actes rapide pour alléger les charges pesant sur le travail et les entraves au développement de l’activité entrepreneuriale. »
Qu’en penser ? Il est tout de même - a priori – difficile d’imaginer en quoi un allègement puisse enrayer une quelconque spirale basée sur une logique de marché financier. Les PME en quête de bouffée d’oxygène en seront-elles les vrais bénéficiaires face à cette logique amnésique qui, d’une main impose un effort de sécurisation sanitaire générateur de coûts toujours plus élevés, de l’autre, cultive un marketing focalisé sur le rabais, et de la troisième main exige une alimentation de type artisanale avec chef étoilé pour quelque 60 millions de consommateurs ?
Gageons que le terme de « responsabilité » a de beaux jours devant lui. Pour un « responsable » d’entreprise, sur quelle échéance est-il « responsable » d’engager un chiffre de créations d’emplois ? C’est un exemple, je pose la question mais ne suis pas responsable des réponses.
Pierre Mitev
Rédacteur en chef