Soutenue par le Royaume et les acteurs du secteur, la filière agroalimentaire au Maroc devrait complètement changer de visage à l’horizon 2020. Une évolution en profondeur qui aura un impact fort sur le trafic des produits alimentaires en vrac.
Il y a des petits indicateurs anodins dans l’économie d’un pays qui peuvent en dire très long sur l’avenir d’une filière ! C’est le cas, par exemple, de l’évolution de la filière agroalimentaire au Maroc. En effet, depuis 2005, le gouvernement a mis en place plusieurs réformes qui visent à développer l’agriculture, l’industrie mais aussi la distribution. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu le CFIA Maroc. La manifestation s’est déroulée du 29 septembre au 2 octobre dernier à Casablanca. Jaugeant plus de 4 000 m2, le CFIA a rassemblé plus de 150 exposants de différents secteurs d’activités : les ingrédients et PAI, les équipements et procédés et enfin l’emballage et le conditionnement.
Réforme de l’agriculture, de l’industrie et du commerce
Quel est l’avenir du vrac alimentaire dans le pays ? Les experts avertis du secteur misent sur une réduction du trafic. Le trafic des céréales devrait, par exemple, considérablement s’amenuiser. En effet, le plan « Maroc Vert » a pour objectif de réformer l’agriculture en profondeur à l’horizon 2020. Outre la croissance du nombre d’exploitations, l’État souhaite également réorienter ses productions en incitant les producteurs à abandonner les céréales pour des cultures plus valorisées et moins sensibles à la météo comme l’olivier, l’amande et le cactus. Mais ce n’est pas tout, outre la réforme de l’agriculture, le pays a également entamé un vaste programme d’industrialisation. Le plan « Émergence » qui court jusqu’en 2015 et dispose d’un budget de plus de 45 M€ a pour objectif de développer 9 pôles industriels dont celui du secteur agroalimentaire. L’objectif, à terme, est de créer plus de 6 000 emplois dans les industries agroalimentaires et de générer un chiffre d’affaires additionnel de 450 K€. Concrètement, la chaîne logistique des produits en vrac va être raccourcie. En effet, alors que celle-ci pouvait s’étendre de la production jusqu’au consommateur pour certains produits comme les agrumes, elle s’arrêtera dans quelques années aux portes des usines de transformation.
D’ailleurs deux autres facteurs devraient encourager cette mutation. Le premier est la fiscalité des produits transformés. Aujourd’hui les produits agricoles transformés sont plus fortement taxés que les produits agricoles bruts. Résultat, si l’on reprend l’exemple des oranges, le consommateur préfère acheter les oranges et les presser plutôt que d’acheter du jus d’orange.
Enfin, le développement du commerce organisé devrait également avoir un impact très important sur la logistique des produits alimentaires. Aujourd’hui, la grande distribution alimentaire est à l’état embryonnaire dans le pays — le ratio de m2 pour 1000 habitants est de 8,5 m2, contre 200 m2 en France — le trafic des produits fini est donc assez restreint. Mais le nombre d’hyper et supermarchés devrait fortement croître d’ici à 2020. Là encore, le Royaume a mis en place un plan de soutien de la filière. Baptisée « Plan Rawaj », il prévoit la création de plus de 500 centres commerciaux dont 50 hypermarchés. Le tout devrait générer 450 000 emplois.
Le vrac non-alimentaire conserve son potentiel
Si tous les indicateurs semblent indiquer que l’industrie du vrac des produits alimentaires au Maroc va se modifier en profondeur d’ici une dizaine d’années, la filière a encore de beaux jours devant elle en ce qui concerne les produits non-alimentaires. En effet, le Maroc reste le premier producteur de phosphate au monde, avec près de trois quarts des réserves mondiales. Le pays produit 13 millions de tonnes de phosphate brut et produits dérivés par an. La majeure partie de cette production (95 %) est livrée à l’étranger (États-Unis, Espagne, Mexique), soit sous forme de minerai, soit après transformation en acide phosphorique ou en engrais solides.