La coopérative Biocer, qui a la particularité d’être « 100% bio » et ses partenaires Cocebi, Probiolor, Biocoop et NatUp viennent de mettre sur pied un tout nouveau site de production à Marcilly-la-Campagne, dans l’Eure. Ce dernier fait appel à des outils de pointe spécifiquement adaptés à la production biologique et permet de répondre à une croissance exponentielle dans le domaine.
À l’heure où les consommateurs s’orientent de plus en plus vers la consommation de produits biologiques, la coopérative Biocer poursuit sa croissance. Elle étend aujourd’hui sa présence dans le quart nord-ouest de la France avec la mise en route de Normandie Grain Bio (NGB) situé à Marcilly-la-Campagne, qui s’ajoute aux sites déjà existants de Fouilloy (80) et Beaumont-le-Roger (27). « Nous occupons un vaste territoire de collecte, dans une région où le bio n’est pas encore très présent par rapport à d’autres régions du sud, explique Clément Gervais, responsable d’exploitation de la coopérative Biocer. Nous comptons aujourd’hui 250 adhérents agriculteurs en bio ou en conversion, pour une collecte de 25 000 tonnes. »
Un vrai changement d’échelle
Les outils dont disposait la coopérative étaient vieillissants et ne répondaient plus parfaitement aux exigences normatives et aux besoins de production. Biocer a alors souhaité réaliser un véritable changement d’échelle par la création d’une société fille et d’un nouveau site. Clément Gervais témoigne : « Dans le domaine du bio, les chiffres parlent d’eux-mêmes : on observe une croissance exponentielle de la consommation à deux chiffres depuis quelques années, et Biocer participe à ce développement sur le terrain, en gardant son état d’esprit initial, “de la fourche à la fourchette”, autrement dit du traitement des matières brutes jusqu’au conditionnement. » La construction du silo a débuté en 2018, avec une capacité de stockage de 5 000 tonnes. La tour de triage a été mise en service dans le courant de l’automne 2019. Une zone de conditionnement a ensuite permis à la coopérative de proposer des farines et graines pour la grande distribution, les boulangers et les industriels. La meunerie a quant à elle été fonctionnelle en septembre 2020.
S’adapter à la diversité des graines
La coopérative Biocer est aujourd’hui équipée d’un outil très complet spécialement adapté aux produits biologiques. Clément Gervais explique : « La problématique principale que nous avions était celle de l’allotement. Nous avions des besoins supplémentaires de par la multitude d’espèces et de mélanges variétaux que nous traitons. Nous disposons dorénavant de 40 cellules de diverses capacités. » En effet, la coopérative traite plus d’une soixantaine de produits différents, et il devenait nécessaire d’avoir un site adapté. Guillaume Roche, responsable développement filière chez Biocer, ajoute : « Nous sommes poussés à traiter de multiples produits. Nous pouvons aussi bien trier du blé que de la lentille, du lin ou encore du quinoa. Notre chaîne de triage nous permet désormais de facilement passer d’un produit à un autre. »
Vue aérienne du silo en construction.
Des prestations pour la filière bio
La coopérative réalisait déjà des prestations de triage pour répondre à la demande de ses clients, mais elle était contrainte de réaliser ces prestations sur des sites qui pouvaient mêler agriculture conventionnelle et agriculture biologique. « Aujourd’hui, nous avons une capacité de triage qui permet de répondre aux critères de qualité, notamment grâce au trieur optique et autres équipements nouveaux, explique Guillaume Roche. Nous évitons alors les risques de contaminations croisées avec des pesticides. Le nouveau site totalement dédié au bio nous évite ce genre de problématiques. » Le silo de Marcilly-la-Campagne, en plus de réaliser du triage et du conditionnement pour la coopérative, a vocation à réaliser de la prestation pour la filière bio locale et nationale. Clément Gervais précise : « Nous avons réussi à regrouper dans un même lieu des outils totalement dédiés au bio et, de là, nous pouvons réaliser toutes les prestations dans le secteur : triage, conditionnement, mouture de farine, etc. Nous sommes capables de traiter des volumes équivalents à un big bag de quelques centaines de kilo, jusqu’à des batchs de plusieurs centaines de tonnes. Le nouveau site permet de répondre aux problématiques quantitatives et qualitatives que nous pouvions avoir jusque-là. »
Un site complet et évolutif
Le cœur du silo de Marcilly-la-Campagne est sa chaîne de triage particulièrement innovante. D’une cadence de 5 tonnes par heure, cette chaîne accueille un trieur alvéolaire, un ébarbeur, une table densimétrique, un trieur plan 18 grilles, un épierreur et un trieur optique. En ce qui concerne la manutention des produits, Biocer a favorisé le transport par bandes transporteuses dès lors que cela était possible afin d’éviter les contaminations croisées et limiter la casse des matières traitées. Guillaume Roche ajoute : « Le site est ultra-communiquant : nous pouvons réaliser tous les transferts désirés d’une unité à l’autre. Aussi, nous avons installé des fosses de réception non-traversantes pour éviter la contamination par des corps étrangers. » Des problématiques de conservation étant liées aux produits issus d’agriculture biologique, la coopérative a opté pour une régulation de silothermométrie avec une ventilation par le froid. NGB a également mis les moyens nécessaires pour assurer un suivi de traçabilité rigoureux, à tous les niveaux du site : pont-bascule, boisseaux de chargement vrac sur pesons, bandes transporteuses en métrologie légale, plateaux peseurs, etc. « Nous nous félicitons de réussir à calculer le rendement de manière efficace et d’annoncer des chiffres proches de la vérité. » Autre particularité du site : toutes les unités sont juxtaposées les unes aux autres. « Nous avons réfléchi à une installation capable d’accueillir de futurs développements. De la partie stockage jusqu’à la partie expédition, nous avons tout envisagé pour permettre un agrandissement du site de manière sereine. »
Un lancement très positif
Alors que la coopérative est encore en cours de prise en main de l’outil, les premiers résultats après la mise en service sont très prometteurs. Clément Gervais met aussi en avant les capacités humaines : « Nous avons la chance d’avoir, sur place, des équipes formées, dédiées au bio. Elles ont toutes les compétences et sont sensibles au traitement des matières nobles. Nous nous félicitons aujourd’hui de faire appel à des techniciens du traitement de la matière céréalière spécialisée et à de nombreuses compétences organisationnelles et logistiques intégrant l’ensemble des spécificités des produits que nous traitons. » L’engagement de Biocer pour l’agriculture biologique se ressent aussi par le sort des déchets sur le site, qu’il s’agisse du son de farines ou des résidus de triage : l’ensemble des matières est valorisé. Guillaume Roche conclut : « La filière bio est un marché en forte croissance, qui génère de l’innovation. Il y a aujourd’hui un vrai potentiel de développement. »