EDITO - Journal du vrac n°118 janvier/février
« Monsieur, je fais suite à notre conversation de ce matin et vous confirme notre intérêt à animer une tribune sur Vractech 2017. Comme vous l’avez suggéré, nous pourrions mettre un éclairage particulier sur le risque de cross contaminations dans le transfert de certains aliments fragiles et sensibles (ex. lait infantile). Proposition de déroulé : principes et risques de la cross contamination ; problématique de transfert des pulvérulents fragiles, notamment lait infantile ; étude de cas, une ligne « high care » de transfert de poudre lait dans une ambiance « zone à atmosphère contrôlée » Iso. Dites-nous si cela peut intéresser des auditeurs et vos lecteurs. » Reçue le 19 juillet dernier, cette note de Valéry Bonnet, responsable du pôle Décontamination du groupe Neu/Delta Neu, nous a conduits, au titre de partenaire officiel du salon Vractech- Bulktech, à organiser la susdite conférence lors de l’édition du Mans, le 28 novembre 2017. Qu’ajouter ? Peut-être dire que Le Mans est dans la Sarthe, un département limitrophe de celui de la Mayenne, à une soixantaine de kilomètres de Craon.
Je fais, bien évidemment, allusion à l’affaire Lactalis qui a enflammé les médias en fin d’année. Le N°1 mondial des produits laitiers n’est naturellement pas un cas isolé en matière de risque sanitaire ; en guise d’introduction de la conférence de Vractech, je me suis permis de lire quelques lignes de l’article de présentation publié dans le « Journal du vrac » distribué sur le salon. Valéry Bonnet y écrit : « Certains événements font bouger les mentalités plus que d’autres. A ce titre, le scandale survenu en 2008 en Chine sur certains lots de lait infantile a été un événement majeur. » Triste prémonition. Nous sommes, fort heureusement, loin des quelque 100 000 à 300 000 nourrissons contaminés à l’époque, et tous les enfants concernés par les produits Lactalis sont aujourd’hui sains et saufs. Mais, la mesure de ce risque interpelle à juste titre notre société toute entière. Et nous particulièrement. Je veux parler des professionnels de l’information technique, dont je suis, destinée aux techniciens, que vous êtes. Mon premier sentiment a eu un goût amer, amplifié par la relecture d’un article publié en janvier 2016 dans le « Journal du vrac », intitulé « Quelles réponses face à la cross-contamination aérienne ? » où il est souligné la fiabilité toute relative des chocs thermiques dans la lutte contre les micro-organismes pathogènes...
Ma conviction est là, sur l’évidente nécessité du transfert d’information et du partage d’expertise. Il me semble, en effet, que la seule issue relève de l’humain. L’usine du futur, comme celle d’aujourd’hui, nécessite une écoute responsable de la dimension humaine. La maîtrise numérique n’y changera rien ; l’industrialisation ne peut s’ériger au service de l’homme sans le considérer. Depuis des années nous soulignons ici l’absence de reconnaissance d’une expertise en matière de sécurité pour la manutention et le traitement du vrac, jugée comme « poil à gratter » par la plupart des industriels. Vous avez le savoir-faire, nous allons le faire-savoir, la retenue n’est pas de mise : la sécurité n’est pas productive, elle est vitale.
Pierre Mitev
Rédacteur en chef