Globalement, l’année 2009 est marquée par la progression de la part de marché du transport fluvial. La part de marché s’élève à 3,5 % sur un an alors qu’elle atteignait 3,1 % en 2008.
La navigation intérieure est parvenue à soutenir son niveau de trafic avec 7,42 milliards de t-km, soit un recul de seulement 1,1 % de ses prestations. Les très bons résultats enregistrés par les filières agroalimentaires (+14,6 % en t-km) et celles des produits manufacturés (+24,6 %) ont permis de compenser les diminutions qui ont touché les filières victimes de la crise économique : la filière métallurgique (- 26,8 %) ou encore la filière chimique (-28 %).
Les évolutions sont donc très diverses selon les filières. L’agro-alimentaire enregistre une part modale en croissance. Actuellement, la part de la voie d’eau concerne environ 10 % des céréales, des oléagineux et des protéagineux transportés en France. Cette part est en constante évolution avec une croissance de +52,2 % en t-km du trafic fluvial entre 1995 et 2008. Les produits agricoles, denrées alimentaires et fourrages représentent 20 % des marchandises transportées par voie d’eau. Les matériaux de construction enregistrent une diminution de 2,4 % de leurs prestations. Cette baisse est due aux sables et graviers (-5 % en t-km) qui souffrent de la conjoncture défavorable des travaux publics avec -7 % en 2009 (source Fédération nationale des travaux publics). De la même manière, la production de sables et graviers est en recul selon l’UNICEM (-16,5 % en Ile-de-France, -20,1 % en Normandie et -11,1 % en Alsace). Depuis 10 ans, l’évolution du transport fluvial sur le secteur d’activité des matériaux de construction reste constante passant de 2,1 milliards de t-km en 1997 à près de 2,5 milliards de t-km en 2008. La filière chimique subit également les effets de la crise économique, qui a touché notamment les industries manufacturières. Ainsi, le transport fluvial de produits chimiques a chuté de 20 % en t-km en 2009 alors que la production industrielle a diminué de 11,3 % dans le même temps. Le bassin de la Seine tire son épingle du jeu et voit ses trafics progresser de 1,9 %. Les trafics d’engrais connaissent également une baisse sensible de leurs résultats avec -39,8 % en tkm. Ce résultat est atténué en tonnages et atteint -5,6 %. La conjoncture de la métallurgie a conduit la filière des produits énergétiques à une baisse de 8,4 % de ses trafics. Les combustibles minéraux, utilisés dans la sidérurgie, sont particulièrement touchés avec une contraction de 12,1 % des trafics fluviaux. À l’inverse, même si les volumes sont plus faibles, les transports de mâchefers et de sels sont en progression de respectivement +53 % et +131,7 %.
Dans son « rapport transport fluvial, guide pour une alternative logistique durable », de mars 2010, VNF évoque une forte progression continue de ce mode de transport du vrac : « le trafic fluvial est passé de 5,6 milliards de t-kilomètres en 1994 à près de 8 milliards de t-kilomètres en 2009. Le transport de marchandises par voie d’eau va doubler à l’horizon 2020 pour passer à 16,9 millions de t-kilomètres. » Le transport fluvial s’inscrit pleinement dans les réflexions mondiales sur toutes les problématiques de développement durable et de limitation des émissions de CO2. Il permet de réduire l’empreinte des transports sur l’environnement (17 t de CO2 en moins pour un transport de 1 000 t de vrac sur 300 km).
Le renouveau du fluvial s’inscrit au travers de la réalisation du grand projet Seine-Nord Europe. Ce grand projet a pour objectif de relier en 2015 le grand bassin parisien et le Nord-Pas-de-Calais. Il suppose la réalisation d’un canal à grand gabarit, long de 106 kilomètres, entre l’Oise (Compiègne) et le canal Dunkerque- Escaut (Cambrai) qui connectera les deux grands pôles économiques français au Benelux et aux sept ports maritimes de la rangée Le Havre-Rotterdam. En termes de trafic, ce sont entre 13,3 et 15 Mt de marchandises (chiffres prévus pour 2020) qui seront transportées sur le nouveau canal.
Le développement du trafic fluvial passe aussi plus modestement par l’aménagement de la liaison Bray-Nogent permettant d’accroître le gabarit de la Seine Amont, ou encore les études de la liaison Saône-Moselle avec une branche vers le Rhin en vue de poursuivre le maillage fluvial à grand gabarit cette fois entre la Méditerranée et le réseau fluvial nord européen.
Enquête de Françoise Foucher
paru dans Le Journal du Vrac n°74, Juillet/aout 2010
Lire les précédentes parties :
Partie 2/3 : Trafics portuaires : une année 2009 soutenue par la bonne santé céréalière, Lorient en régression, La Rochelle en ordre de marche, le bassin méditerranéen autour de Marseille-Fos et Sète