L’ITEBE, institut de promotion des bioénergies, travaille actuellement sur un projet d’évaluation des gisements d’agro combustibles disponibles en France, munie d’une convention avec l’ADEME. Ce projet national a son équivalent en Autriche, qui sera partenaire sur ce projet.
Le constat est parti d’une observation simple. La demande croissante en biocombustibles solides pour la production d’énergie décentralisée, combinée avec la crise qui a frappé les industries de transformation du bois, mène l’Europe vers une pénurie de matières premières pour la production de granulés. Jusqu’ici, la production de granulés de bois assure quasiment à elle seule la fourniture du marché des granulés biocombustibles. Ce marché en pleine croissance est passé de 2 à 8 millions de tonnes sur la période 2000 à 2008, et les plus optimistes envisagent un marché de 80 millions de tonnes en 2020 à l’échelle européenne. Face à ce constat, des solutions alternatives sont recherchées partout en Europe. Différentes études de gisement ont démontré l’énorme potentiel des matières premières d’origine agricole qui ne sont pas en conflit avec des applications alimentaires et qui pourraient être le complément dont aura besoin le marché des granulés biocombustibles.
Les agro-combustibles disponibles, qui seront répertoriés et évalués dans le projet de l’ITEBE, recouvrent essentiellement les coproduits des végétaux, les « résidus » de transformations agroalimentaires, toute cette biomasse qui n’est pas la partie noble de la culture mais qui a peu, ou pas, de valorisation. Il s’agit en fait de ce qui reste après valorisation de la culture, si on récupère et on sèche cette biomasse. Elle peut alors servir de combustible, même si elle brûle mal en général, à l’exception du bois, qui sort un peu de cette appellation. La granulation apporte le confort et l’automatisme comparable aux chaudières à fioul ou à gaz, mais en plus elle permet de garantir des performances de combustion élevées et régulières, souvent supérieures à 95 % sur PCI pour ce qui concerne le bois, à comparer à des rendements de combustion de 10 à 15 points inférieurs pour la combustion des mêmes biomasses non granulées. Les premières analyses sur des granulés agricoles ont montré un énorme potentiel énergétique. Cependant, il persiste des questions à résoudre afin de rendre leur usage aussi pratique et performant que celui des granulés de bois, en particulier concernant les émissions de NOx, des émissions de particules fines, et sur le comportement de cendres à la combustion. La plupart des produits agricoles brûlent moins facilement que le bois et générèrent des perturbations comportementales au niveau du foyer ainsi que des émissions parfois incompatibles avec les équipements et l’environnement. Il a cependant été partiellement montré que leur mélange entre eux et avec certains additifs permettait de corriger et améliorer la qualité de leurs émissions tant gazeuses que solides. Ces formulations à mettre en oeuvre varient cependant beaucoup selon la nature génétique des produits mais aussi selon la nature des sols et des amendements utilisés.
Au niveau économique, les combustibles d’origine agricole auront, dans tous les cas, des coûts plus bas que les combustibles bois (de l’ordre de 30 % moins cher – Source RAGT). Ceci est dû au fait que les matières premières utilisées sont, par définition, peu chères car elles n’ont pas, en général, de valorisation. Mais leur collecte est souvent difficile, coûteuse et très liée à la saison, ce qui impose du stockage et quelques fois du séchage.
L’ITEBE continue son action pour la mise en place d’activités de recherche développement. Il va travailler sur ce projet avec des partenaires industriels (RAGT), technique (SOCOR et SOCOR AIR), académique (École des mines de Douai). Parallèlement, l’ITEBE travaillera aussi avec un partenaire autrichien (OFI) qui a déjà obtenu le feu vert de l’organisme de financement suédois et qui attend la décision française afin d’entamer les activités du projet. Des porteurs de projets québécois ont récemment approché l’ITEBE afin de trouver des voies de collaboration sur ce sujet d’intérêt majeur pour l’avenir des granulés biocombustibles.