Modularité, rapidité de chargement-déchargement, optimisation des flux et de moyens, inter-modalité, réseaux et plateformes logistiques... Le transport du vrac intègre les nouvelles contraintes économiques et environnementales dans un contexte tendu par la hausse des prix du carburant et la mondialisation. Entre mer, fer, route et cours d’eau, l’évidente complémentarité impose une approche globale avec des choix stratégiques lourds de conséquence coté investissement.
Entre pression environnementale et coût de l’énergie, le transport des matières premières et produits en vrac souffre. C’est une évidence. Il souffre du point de vue économique, bien sûr, mais peut-être aussi d’un syndrome particulier. Le syndrome qui touche la société toute entière, aujourd’hui confrontée à la remise en cause de nombreux schémas : limitation des ressources naturelles, impacts environnementaux des activité humaines sur le climat, la biodiversité et la santé, mutations industrielles et mondialisation, remise en cause de l’omnipotence de la finance et de la consommation,… Le transport du vrac n’échappe pas à la tendance générale. Et pourtant, n’y a-t-il pas dans cette crise économique et sociétale une occasion d’avancer les véritables atouts du vrac ? Car, au fond, le transport du vrac représente plus que jamais l’intendance fondamentale de nos sociétés modernes. L’indispensable source d’approvisionnement. Sans cette prise en charge des matières premières et des produits qui en découlent, de leurs lieux d’extraction ou de production vers les lieux de transformation et d’utilisation, une grande partie des activités économiques serait compromise. Or ce transport si nécessaire dispose d’atouts majeurs. Il s’agit de matières en vrac ne nécessitant pas de conditionnement autre que le contenant qui les charge. Le « vrac » est même devenu un argument de marketing pour certains supermarchés. Ni emballage, ni chaîne du froid. Le vrac n’entre pas non plus au rayon des denrées périssables ou fragiles. Le vrac, c’est du fiable et du résistant qui se transporte à la tonne avec toutes les économies d’échelle qu’entraîne la gestion en grandes quantités. Le vrac est par nature économique et durable. Si ça n’est pas un atout…
Axes majeurs et noeuds d’interconnexion
La question du transport du vrac ne réside donc pas dans la nature des produits, mais dans l’optimisation de sa manutention, c’est à dire l’organisation du transport et des transferts. Cette optimisation est en route : des conteneurs polyvalents permettant de passer d’un mode de transport à l’autre, des outils de chargement et déchargement performants placés aux points stratégiques,… Et surtout l’optimisation des flux pour adapter le mode de transport aux volumes, aux distances, aux coûts et aux besoins. D’où l’évolution évidente vers la constitution de réseaux composés d’axes majeurs drainants, connectés par des noeuds stratégiques sur lesquels se greffent des axes secondaires de desserte, collecte ou alimentation. L’exemple type est, bien sûr, celui du transport maritime dont l’une des clefs repose sur la fiabilité et la performance des grands ports en termes de chargement et déchargement. Performance logistique propre aujourd’hui associée à de nouvelles exigences en matière d’interconnexion. A l’instar de la stratégie de développement avancée par le port de La Rochelle aujourd’hui doté d’un noeud ferroviaire intégré, ou du rapprochement de celui du Havre des ports fluviaux de l’axe de la Seine. Le transport du vrac offre bien d’autres illustrations de cette réactivité stratégique, comme la création des fameuses « autoroutes de la mer » sur des axes alternatifs au transport routier, non pas en concurrence mais en complémentarité avec ce dernier.
Organisation et innovation adaptées aux nouveaux enjeux
Ces programmes concrétisent les échanges entretenus entre les ports, comme Bilbao, Dublin, Nantes-Saint-Nazaire… Ils s’inscrivent dans le droit fil des préconisations du livre blanc sur les réseaux de transport édité voilà quelques années par la Commission européenne, qui tentaient précisément une approche globale, politique, en intégrant les coûts induits comme ceux de la pollution atmosphérique, la santé, les accidents de la route… Cette approche n’est peut-être pas en phase directe avec le pragmatisme des professionnels confrontés à une réalité avant tout économique. La mondialisation est présente ici comme ailleurs, avec une concentration des flux comme des entreprises. Pour évoluer, il faut en avoir les moyens, trouver les aides ou créer les rapprochements adéquats. Mais on peut raisonnablement dire qu’il n’y a pas antagonisme. La rationalisation du transport du vrac qui anime transporteurs, clients et prescripteurs s’adapte bien souvent aux nouveaux enjeux, non pas dans un esprit de dépendance, mais dans celui de rentabilisation, donc d’innovation et de compétitivité.