Vincent Mayeux, 32 ans, ingénieur en mécanique - gestion de production est directeur de la société Corneloup Vuillafans, spécialisée dans la conception et réalisation de matériels de manutention pour produits en vrac. Un an et demi après sa prise de fonction, la société a été restructurée : rassemblement des locaux en un seul site, équipe de commerciaux sur la route, certification Atex et volonté d’élargir le marché hors de France. Tour d’horizon.
Le Journal du Vrac : Pouvez-vous nous présenter votre parcours avant d’arriver chez Corneloup Vuillafans ?
Vincent Mayeux : J’ai commencé par effectuer mon école d’ingénieur en alternance chez Michelin, avec une expérience en Thaïlande d’un an. J’ai ensuite été chargé d’affaires bâtiment dans le génie thermique (chauffage, climatisation), puis conducteur de travaux dans la construction de bâtiments industriels. J’ai opéré un recentrage sur l’industrie avec un poste de responsable de production et service projets chez Lumpp agitation, qui comme son nom l’indique est un fabriquant d’agitateurs. Enfin, j’ai eu l’opportunité en juin 2009 d’accéder au poste de directeur chez Corneloup Vuillafans, poste que j’occupe actuellement.
JDV : Pouvez-vous nous présenter l’entreprise que vous dirigez, Corneloup Vuillafans ?
V.M. : Nous sommes concepteur et fabriquant de matériel de manutention pour les produits en vrac. L’entreprise est née de deux sociétés centenaires : Corneloup, fondée en 1904 à Lausanne et de La Chaudronnerie de Vuillafans, fondée en 1896. Leur produit historique étant le convoyeur à vis d’Archimède. En 1990, Vuillafans est racheté par la Safed. En 1998, cette dernière rachète également Corneloup. Les deux entités Corneloup et Vuillafans ont ensuite fusionné pour devenir Corneloup Vuillafans, avec les ateliers Corneloup à Lausanne, les ingénieurs, le bureau d’étude et l’administration issus de La Chaudronnerie de Vuillafans à Besançon. En 2004, la Safed est vendue mais un actionnaire conserve Corneloup Vuillafans. Enfin en 2009, la direction est remplacée et j’arrive à ce poste de directeur de la société.
JDV : Qu’avez-vous fait évoluer depuis votre arrivée chez Corneloup Vuillafans ?
V.M. : À la fin de l’année 2009, sous ma direction, nous avons opéré un rassemblement de la production et du bureau d’étude en un seul site, à Pontcharra-sur-Turdine (69). Nous avons maintenant des locaux de 3 500 m² pour l’atelier et 800 m² pour les bureaux. Seuls les commerciaux sont en région. Ça a été d’ailleurs l’une de mes premières actions : la restructuration de l’entreprise avec des commerciaux sur la route. Nous avons eu une politique de développement commercial France avec l’engagement de trois ingénieurs commerciaux. Nous avons également changé de GPAO (gestion de la production assistée par ordinateur), permettant de mieux gérer les commandes à l’affaire.
JDV : Comment sont répartis vos effectifs avec cette nouvelle organisation ?
V.M. : Nous avons donc trois ingénieurs commerciaux, une assistante commerciale, une secrétaire, deux chargés d’affaires, quatre personnes au bureau d’étude, puis un atelier, composé d’une équipe de chaudronniers, soudeurs, mécaniciens, monteurs, peintres. Nous avons un atelier plus grand, propre et clair, avec des flux précis.
JDV : Quel type de matériel fabriquez-vous et pour quels secteurs ?
V.M. : Nous sommes situés sur le segment de la manutention de produits en vrac. Nos produits peuvent servir à des applications dans tous les secteurs industriels : qu’il s’agisse de l’environnement, le traitement des boues, du recyclage de produits plastiques, de métaux ; de l’agroalimentaire (pommes, cacao, sucre, etc.) ; ou encore de la cimenterie, du minerai : poudres chimiques, plâtres, etc. Ce sont nos trois principaux secteurs de commercialisation : environnement, agroalimentaire, minerai autre qu’en carrière. Nous proposons deux gammes. Les produits de transfert tout d’abord, qui transportent le produit d’un point A à un point B, avec : les convoyeurs à vis d’Archimède (en acier, inox, etc.), les élévateurs à godets, les convoyeurs à chaîne, les écluses rotatives, les casses-voûtes, etc. Puis les produits de process, qui transforment les produits tout en les convoyant, avec les produits suivants : la Thermovis, une marque déposée, qui consiste en un échangeur thermique à vis d’Archimède. Elle permet grâce à ses fluides caloporteurs de transformer des fruits congelés en une purée de fruits cuits ou de sécher des boues, refroidir des cendres, etc. Nous avons également des mélangeurs horizontaux ou verticaux, des convoyeurs à vis (avec rampe de pulvérisation et injection pendant le mélange).
JDV : Proposez-vous des modèles standards ?
V.M.: Non, nous ne fabriquons que du sur-mesure. Nous allons chez le client, via nos ingénieurs commerciaux, qui sont avant tout des ingénieurs techniques. Ils peuvent donc définir au mieux le besoin chez le client. Quand la commande est passée, c’est le bureau d’étude qui prend le relais. Nous sommes ensuite autonomes depuis la découpe de la tôle, en passant par le soudage, la peinture (nous avons une cabine dédiée), etc. pour la fabrication du produit. Par ailleurs, nous proposons une gamme de matériel d’essai pour tester chez le client le matériel et pouvoir lui proposer une solution parfaitement adaptée à son process.
JDV : Comment se répartit géographiquement votre clientèle ?
V.M. : Nous avons une clientèle essentiellement française. Via nos clients français, nous exportons également lorsqu’ils emportent nos machines à l’étranger. Récemment, nous avons exposé au salon Pollutec Maroc où nous cherchons à établir une représentation commerciale. Enfin, nous réalisons des actions dans le nord de l’Europe.
JDV : Comment vous distinguez-vous de vos concurrents ?
V.M. : Nous avons une offre légèrement différente par rapport à nos concurrents, avec des produits process. Le fait que nous ne proposons que du sur-mesure est aussi déterminant. Avec nos 120 ans d’expérience, nous sommes également les plus anciens sur le marché du convoyage à vis en France. Certains de nos clients appellent même leur machine une Corneloup (comme on peut parler de fermeture éclair pour un produit alors qu’il s’agit à l’origine d’une marque).
JDV : Quel est le secret de cette longévité ?
V.M. : Nous proposons un code de construction strict sur la qualité de nos produits. Certaines de nos machines tournent depuis 50 ans, mais l’on ne peut pas non plus donner de durée de vie moyenne, car tout dépend de l’utilisation qui en est faite (par exemple avec des produits abrasifs comme le verre, les résultats sont plus nuancés). Notre force, c’est la qualité Corneloup Vuillafans. Mais aussi le fait que nous proposons une expertise ingénieur, grâce à notre bureau d’étude et nos commerciaux-techniciens. Ce qui est également ressorti d’études clients que nous avons réalisées, c’est la robustesse des matériels, la qualité du sur-mesure.
JDV : Quels sont vos projets en cours, à venir pour faire évoluer la société ?
V.M. : Actuellement un de nos grands projets est la certification Atex. Nous avons choisi de la mettre en place en partenariat avec l’Apave. Il a été possible de certifier notre convoyeur à vis d’Archimède Atex zone 21 et 22 extérieur. Nous avons mis en place cette certification grâce à une machine d’essai qui a été réalisée pour le contrôle des différentes zones d’échauffement.
JDV : Quelle raison vous a poussé à faire cette certification ? Les clients ?
V.M. : Nous l’avons effectivement fait suite à des demandes de la clientèle et notamment parce que l’on ne pouvait pas répondre à certains appels d’offres sans cette certification.
JDV : Quelle ligne allez-vous suivre pour les mois, les années à venir ?
V.M. : Notre volonté, c’est de continuer à satisfaire nos clients avec du sur-mesure, d’être plus proche d’eux, de leurs besoins. De proposer qualité et adaptabilité. Nous avons dorénavant une certification Atex. Notre vocation, c’est aussi de proposer des ensembles autonomes et compétitifs. Sur ce point-là, nous pouvons encore faire mieux.
Propos recueillis par Emmanuelle Genoud