Très connue dans les pays du Bénélux, la société belge SCE dispose déjà de quelques belles réalisations de silos en France. De conception originale ces silos offrent des avantages techniques indéniables pour le stockage d’un large éventail de produits en vrac. Nous avons rencontré Koen Verbrugge, directeur commercial de SCE, qui nous explique les ambitions de sa société en France et en Europe.
Le Journal du Vrac : Koen Verbrugge, vous êtes directeur commercial de la société belge SCE (Silos Construction & Engineering) qui a déjà réalisé plusieurs silos en France. Pouvez vous nous rappeler l’origine de cette entreprise ?
Koen Verbrugge : L’entreprise a été créée par Gilbert Vanparys en 1988. Elle a donc plus de 20 ans d’existence. Gilbert Vanparys a d’abord été salarié dans une petite entreprise belge de fabrication de silos qui travaillait à l’échelle locale. C’est ainsi qu’il a acquis son expérience dans ce domaine. Puis il a décidé de créer sa propre structure, persuadé qu’il pouvait développer une entreprise de plus grande envergure que celle qu’il avait connue. Il a alors fabriqué ses propres silos.
JDV : à quels types d’activités sont destinés ces silos ?
Koen Verbrugge : L’entreprise s’est d’abord faite connaître dans le secteur de l’alimentation animale, puis, elle s’est diversifiée vers d’autres domaines comme le café, le cacao, le petfood, les semences, les pellets bois, le malt,...
JDV : Sur quelle étendue géographique les silos SCE sont-ils vendus ?
Koen Verbrugge : Au début de son activité, Gilbert Vanparys a surtout fabriqué des silos à destination de l’industrie belge puis, au fil des années, il a étendu son activité vers les Pays-Bas, en s’associant avec M. Antonissen. Ce dernier, qui a en charge l’activité export de SCE, s’est alors intéressé au marché allemand, puisà la France, l’Angleterre et plusieurs pays d’Europe Centrale et d’Europe de l’Est comme la Hongrie ou la Pologne. Sans oublier l’Europe du Nord avec des ventes vers la Norvège par exemple.
JDV : Vous vendez également des silos en dehors de l’Europe ?
Koen Verbrugge : Oui. Nous avons quelques réalisations en Asie et en Afrique.
JDV : Vous avez des agents dans ces différents pays ?
Koen Verbrugge : La plupart de nos ventes à l’export s’effectuent à partir de la Belgique. Cependant, dans certains pays, nous avons un agent. C’est le cas de la France où nous sommes représentés par M.Lahousse qui connaît très bien le secteur du petfood.
JDV : Au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, vous avez également des agents ?
Koen Verbrugge : Pas encore. Mais avoir des agents dans plusieurs pays d’Europe fait partie de nos projets pour les années à venir. Jusqu’à présent, nous avons bénéficié du fait que ce sont les clients venaient vers nous, c’est une situation confortable, mais insuffisante pour viser un véritable développement. Désormais nous prenons les moyens d’aller à leur rencontre.
JDV : Si les clients sont venus d’eux mêmes jusqu’à vous, c’est que vous jouissez d’une bonne réputation ?
Koen Verbrugge : Oui, nous avons une bonne réputation. D’ailleurs, nous avons récemment rencontrés des belges sur notre stand au Space, qui ont reconnu que nous avions un produit de très bonne qualité, même s’ils ont du se résigner à une solution plus simple et moins onéreuse dans le cadre de leur projet.
JDV : Qu’est-ce que vos silos présentent comme avantages que les autres n’ont pas ?
Koen Verbrugge : Ce ne sont pas simplement des silos, mais des silos construits pour être intégrés dans le processus de fabrication.
JDV : Votre activité concerne uniquement les poudres organiques, pas les poudres minérales ?
Koen Verbrugge : Non, les poudres minérales comme le ciment ou le plâtre, ne sont pas concernées par ce type de silo.
JDV : Pourquoi ?
Koen Verbrugge : Parce que notre conception permet de fabriquer uniquement des silos de forme carrée ou rectangulaire, donc avec des angles. Cette configuration rend très difficile l’écoulement de produits comme le ciment qui ont une tendance au tassement dès qu’ils ne sont plus en mouvement. Pour des produits en vrac comme le blé ou les semences nous pouvons favoriser l’écoulement au moyen de procédés mécaniques, mais cela ne suffit pas pour le ciment. Nous savons exactement quels types de produits nous pouvons traiter et ceux qui ne conviennent pas à nos silos. Nous ne prenons pas les affaires dont nous ne sommes pas certains de pouvoir garantir le résultat à notre client.
JDV : Combien de personnes travaillent chez SCE ?
Koen Verbrugge : L’entreprise emploie une cinquantaine de personnes dont une dizaine pour l’équipe de montage.
JDV : Pourquoi dites-vous que vos silos s’intègrent dans le processus de fabrication ?
Koen Verbrugge : Nos silos ont des structures autoportantes, ce qui veut dire que l’on peut intégrer les machines qui participent au process ( mélangeurs, broyeurs...) dans la structure du silo. De plus, le système d’assemblage des éléments permet de diviser le silos en plusieurs cellules ou d’ajouter des cellules au fur et à mesure de l’extension de l’activité, sans rien toucher à la structure. Ce type de construction offre une très grande flexibilité et permet d’intégrer facilement un hall de réception ou une tour de fabrication, d’installer un système de manutention sur la toiture, ou même d’agrandir le silo. Il suffit pour cela de retirer le bardage et d’ajouter des cellules. C’est très simple. Il est même possible de surélever un silo si nécessaire.
JDV : Les silos SCE sont des silos métalliques exclusivement ?
Koen Verbrugge : Oui. Un autre avantage de ce type de structure, c’est que les éléments sont composés de deux parois et peuvent ainsi servir de cloisons intermédiaires pour deux cellules juxtaposées. Le gain de temps au montage est important, de même que le gain d’espace consacré au stockage. Avec ce type de configuration, il n’y a pas cet espace perdu que l’on trouve entre les cellules cylindriques juxtaposées et que l’on appelle l’as de carreau.
JDV : Le volume gagné est important ?
Koen Verbrugge : Oui. On estime que grâce aux silos de forme carrée, on bénéficie de 27 % de volume de stockage supplémentaire pour une surface au sol identique. Parallèlement nous proposons deux types de parois pour ces éléments : soit des parois lisses pour les produits dont l’écoulement est relativement difficile, soit des parois de type palplanche pour les produits tels que le café qui ne présentent pas de difficultés particulières pour l’écoulement. Les parois palplanches offrent une alternative intéressante, puisqu’elles sont simple peau, donc plus économiques. Tous nos silos sont recouverts d’un bardage dont la pose est très simple. La manutention s’effectue au dessus de la couverture des cellules.
JDV : Vous avez beaucoup de concurrents sur votre secteur d’activité ?
Koen Verbrugge : En Belgique, nous sommes deux fabricants à utiliser cette technique d’assemblage et de montage des silos. Il en existe également en Allemagne et aux Pays-Bas, mais nous pensons être le constructeur qui offre la meilleure qualité et surtout la meilleure finition notamment au niveau des soudures. Ce sont des détails qui ne sautent pas forcément aux yeux mais qui font la différence quant à la qualité de la construction. En France cette technique de montage n’est pas vraiment connue. L’offre dans ce domaine porte généralement sur des silos rectangulaires plus grands avec des techniques différentes en ajoutant des tirants à l’intérieur du silo et en soudant certains éléments sur le chantier. Intérieur d’une cellule vue de dessus. Les parois parfaitement lisses, permettent un très bon écoulement du produit.
JDV : Vous ne soudez pas sur le chantier ?
Koen Verbrugge : Nous limitons au minimum indispensable la soudure sur chantier. Elle ne concerne que l’assemblage de la trémie au premier élément du silo. Nos silos sont assemblés soit par boulonnage, soit en emboîtant les éléments les uns dans les autres un peu comme un jeu de Lego, sans aucun système de fixation. La technique consiste alors a placer des poteaux verticaux aux angles de chaque carré et à y introduire du béton, puis à emboîter les uns au-dessus des autres, des éléments qui font 1 mètre de hauteur pour une longueur maximale de 5 mètres, même si la plupart du temps il s’agit d’éléments de 3 m de longueur. Chaque élément dispose de renforts intégrés à l’intérieur de la double peau. Un calcul précis est effectué pour l’implantation de ces renforts qui sont plus nombreux dans les éléments du bas du silo que dans ceux du haut du fait d’une pression plus importante exercée sur les parois.
JDV : Vous avez déjà plusieurs références dans le nord de la France. Qu’est-ce qui a poussé vos clients à opter pour votre solution ?
Koen Verbrugge : Parmi nos clients, l’un d’entre eux est venu nous rendre visite il y a deux ans sur le Space. Il a d’abord apprécié le peu de volume de stockage perdu avec notre système. Le coût de transport a également été un argument en notre faveur, car nous faisons appel à un mode de transport classique pour amener les éléments qui constitueront le silos, alors que la plupart du temps il est nécessaire d’avoir recours à un convoi exceptionnel pour acheminer le silo ou les éléments de silo sur le site. Effectuer un transport par convoi exceptionnel est compliqué et coûteux. Avec notre système, nos monteurs réceptionnent les éléments et sont directement opérationnels pour le montage.
JDV : Cependant, le prix d’achat de vos silos reste assez élevé ?
Koen Verbrugge : Pour une petite structure peut-être, mais pas pour un industriel qui prendra en compte l’ensemble des avantages que représente notre solution et son retour sur investissement. Le fait que nous utilisions des produits à double paroi, avec des structures renforcées et que nous respections les normes en usage dans chaque pays, entraîne effectivement une augmentation des coûts de fabrication. Cependant nous ne pouvons pas prendre le risque de nous discréditer sous prétexte d’économiser sur la quantité d’acier nécessaire à la fabrication du silo.
JDV : Une fois les éléments acheminés sur le site, il faut du temps pour effectuer ce montage ?
Koen Verbrugge : Non, c’est très rapide à condition de bien maîtriser l’installation des supports. En effet, ceux-ci doivent être parfaitement alignés et d’aplomb, car un décalage de quelques millimètres au niveau du sol, peut représenter plusieurs centimètres au sommet du support. Il est donc crucial que cette pose des supports soit parfaitement maîtrisée. C’est pour cette raison que nous devons disposer d’équipes de monteurs très expérimentés. Par contre, une fois cette première tâche effectuée, le montage du silo proprement dit et des cellules qui le composent s’effectue en quelques jours. Généralement l’ensemble de l’installation nécessite deux à trois semaines de montage sur le site.
JDV : La fabrication des éléments est elle faite dans vos ateliers ou confiée à des sous-traitants ?
Koen Verbrugge : Nous fabriquons tous les éléments dans nos ateliers. Pour cela nous disposons de deux robots de soudure qui travaillent 24 H/24. En revanche, les trémies sont fabriquées manuellement car il n’est pas possible de robotiser leur fabrication. En effet, chaque trémie est conçue sur mesure, pour faciliter l’écoulement du produit avec des dispositifs tels que des angles arrondis ou des décrochements sur le périmètre de la trémie qui évitent que le produit ne se tasse exagérément lors de son passage par la trémie. Pour nous, l’écoulement est crucial et doit être maîtrisé quel que soit le produit concerné.
JDV : Vous réalisez continuellement des améliorations sur vos silos ?
Koen Verbrugge : Oui. La dernière amélioration porte sur la structure de soutien des trémies. Auparavant, la trémie reposait sur une armature métallique formée de poutrelles IPN de section importante. Notre dernière innovation a consisté à équiper le premier élément au bas du silo d’un léger décrochement vers l’intérieur du silo tandis que le haut de la trémie est légèrement évasé. La trémie vient ainsi s’emboîter dans le bas du silos. Les charges sont reportées directement sur les poutres verticales, et les poutrelles horizontales n’ont plus de raison d’être. La charpente métallique est plus légère et nous réalisons des économies de matière et de fabrication dont nous pouvons faire profiter nos clients.
JDV : C’est votre Bureau d’études qui vous permet de réaliser ces progrès.
Koen Verbrugge : Oui. C’est aussi notre équipe de monteurs, qui nous fait part de l’expérience acquise sur le terrain et nous suggère des innovations potentiellement intéressantes.
JDV : Tous vos silos sont proposés en acier peint ?
Koen Verbrugge : Oui. Mais si un silo doit contenir des ingrédients utilisés dans le domaine alimentaire, il est protégé des intempéries pendant le montage pour éviter la formation éventuelle de points de rouille.
JDV : Vous utilisez une peinture spéciale pour protéger les éléments qui formeront le silo ?
Koen Verbrugge : Nous confions la peinture de ces éléments à un spécialiste. Il utilise de la peinture en poudre sèche qui est appliquée sur le support grâce à un phénomène électrostatique. Cette poudre ne contient aucun solvant. Après application, elle est cuite dans des fours. Elle a une efficacité supérieure à la peinture liquide employée habituellement et comme nous confions à notre soustraitant de grandes quantités de pièces à peindre, nous bénéficions de tarifs très compétitifs.
JDV : Depuis quand la société SCE estelle présente sur le territoire Français ?
Koen Verbrugge : Depuis le début des années 2000, mais nous ne sommes pas encore très connus sur l’ensemble du pays, ce qui explique notre besoin d’être présent sur les Salons et de disposer de belles références comme la toute dernière qui sera dévoilée par notre client dans les mois à venir. à ce jour nous sommes présent en France avec des installations dans les domaines du petfood, des graines pour oiseaux et de l’alimentation animale.
JDV : En tant que société Belge comment ressentez-vous le marché français comparé aux autres marchés sur lesquels vous êtes présent ?
Koen Verbrugge : En France il y a une offre importante dans le domaine des silos et les industriels semblent souvent méfiants à l’égard des constructeurs venus d’autres pays d’Europe. Alors qu’en Europe de l’Est, par exemple, si une solution vient d’Europe de l’Ouest, elle reçoit un bon accueil. Les industriels polonais estiment que nous avons de l’expérience et ils nous font confiance. Si l’on prend l’exemple de la Pologne, chez eux aussi le marché est concurrentiel, mais les industriels connaissent déjà notre système et ils sont convaincus des bénéfices qu’ils peuvent en retirer. Parallèlement, les industriels polonais communiquent très facilement pour faire connaître leurs réalisations.
JDV : Vous avez aussi un agent en Pologne ?
Koen Verbrugge : Oui nous avons actuellement deux agents dont un en Pologne et un en France. Notre défi pour l’avenir est d’établir un réseau d’agents partout en Europe.
JDV : Mis à part les silos fabriquez-vous d’autres matériels ?
Koen Verbrugge : Nous fabriquons seulement des extracteurs lamellaires qui permettent de doser le produit en sortie de silo. Installé au-dessus d’une benne peseuse, l’extracteur lamellaire s’ouvre pour laisser tomber le produit. Dès que la quantité déversée atteint presque le poids désiré, un système automatique va venir refermer les lamelles progressivement pour les clore totalement dès que le poids requis est atteint. Cette technique permet de réaliser rapidement des dosages précis. Cet extracteur lamellaire est le seul produit que nous fabriquons en interne en plus des silos, car sa conception est directement liée à la construction du silo.
JDV : Avez vous un rôle d’ensemblier qui prend également en charge les autres matériels qui entrent dans le process ?
Koen Verbrugge : Non, nous n’avons pas de rôle d’ensemblier. Par contre nous travaillons avec des ensembliers, des équipementiers, des Bureaux d’études qui peuvent décider d’intégrer nos silos dans certains des projets qui leurs sont confiés.
JDV : Mais vous n’avez aucun partenariat ?
Koen Verbrugge : Non, chacun est libre de choisir avec qui il veut travailler sur chacun des projets. Nous sommes juste distributeur de certains matériels d’un constructeur allemand pour les pays du Benelux. Nous offrons alors un service de proximité. Mais nous n’offrons pas ce service dans d’autres pays.