Après une expérience de plusieurs années comme responsable export, Michel Couderc a eu l’opportunité de reprendre la société Bulkit début 2006. Juste le temps de définir les orientations de l’entreprise et de l’installer sur un site mieux adapté, et voilà le nouveau dirigeant prêt à conquérir des marchés en France et hors de nos frontières. Les succès déjà rencontrés sont porteurs d’espoir pour l’avenir.
Le Journal du Vrac : Michel Couderc, vous dirigez aujourd’hui Bulkit. Pouvez vous nous présenter l’entreprise ?
Michel Couderc : Bulkit est une entreprise qui a 25 ans d’existence. Je l’ai reprise il y a trois ans au début de l’année 2006. Elle est issue d’une première société qui portait le nom de MG Entreprise, à laquelle s’est ajoutée Akitol. C’est de la fusion de ces deux entités qu’est née Bulkit SA il y a une quinzaine d’années.
JDV : Vous étiez déjà présent dans l’entreprise avant d’en prendre les commandes ?
Michel Couderc : Non. J’étais auparavant responsable export dans une autre entreprise sur un tout autre domaine.
JDV : Vous aviez la volonté de reprendre et de développer une structure existante.
Michel Couderc : Oui. Bulkit correspondait bien à mes attentes. C’est une société de 10 personnes située dans le sud-ouest de la France entre Bordeaux et Toulouse. Plus précisément, elle est installée depuis janvier à Granges sur Lot puisque nous venons de déménager dans nos nouveaux locaux.
JDV : Vous aviez besoin d’espace ?
Michel Couderc : Il nous fallait effectivement un site plus fonctionnel. Nous avons aujourd’hui deux bâtiments : Un bâtiment de 1 100 m2 pour la production et un autre de 450 m2 dans lequel nous avons créé des bureaux. Ce second bâtiment nous sert également d’atelier pour le montage des générateurs d’air chaud que nous fabriquons. La fabrication de ces générateurs d’air chaud est un des aspects de notre activité.
JDV : Aujourd’hui, sur quels domaines d’activité travaille Bulkit ?
Michel Couderc : Notre principal domaine d’activité repose sur la fabrication d’installations de mélange et de manutention de produits en vrac et plus précisément d’engrais. Mais nous avons des réalisations dans d’autres domaines d’activité.
JDV : Lesquels ?
Michel Couderc : Nous avons travaillé dans les secteurs des minéraux ou de l’environnement en faisant, par exemple, du chaulage de sable souillé par des hydrocarbures. Nous sommes aussi dans le domaine de l’alimentation animale ou celui de l’alimentaire pour le mélange de diverses variétés de thés par exemple. Dans un tout autre genre, nous avons récemment mis au point un système d’enrobage de silice en partenariat avec un grand groupe français. Nous avons pour cela associé notre mélangeur à tambour avec notre générateur d’air chaud. Ce système novateur a été installé sur un site en Pologne.
JDV : Il existe des dizaines de types de mélangeurs. Quelles sont les caractéristiques propres aux mélangeurs Bulkit ?
Michel Couderc : Nos mélangeurs ont la particularité de pouvoir mélanger sans abîmer les produits, de façon efficace et en toute sécurité. Il n’y a pas l’effet de cisaillement que l’on trouve avec des mélangeurs fixes équipés de rotors ou de vis. Sur les mélangeurs à tambour, c’est le contenant qui tourne. Les pales qui servent au mélange sont soudées à la paroi. Nos mélangeurs sont fabriqués chez nous en atelier en petites séries. Ils sont munis de deux spires avec pales et contre pales et l’ensemble permet d’obtenir un mélange parfait en une à deux minutes. Ainsi, ce type de mélangeur très simple dans son concept est réellement efficace. Il en existe des centaines utilisés à travers le monde dans de nombreuses applications. Enfin, nous devons faire valoir aussi en faveur de notre mélangeur deux autres aspects toujours très importants : sa robustesse (il dure trop longtemps….) et son entretien très aisé. La motorisation associée à un réducteur épicycloïdal est placée à l’extérieur du mélangeur, de façon très accessible, ce qui est sécurisant pour l’ensemble des utilisateurs.
JDV : Vous êtes très présents dans le secteur des engrais. Qui sont vos clients ?
Michel Couderc : Ce sont des agro industriels ou des coopératives qui font des mélanges de différents constituants (N,P,K...) dans des proportions différentes selon les besoins de leurs clients.
JDV : Les engrais ont la réputation d’être très corrosifs. Les mélangeurs Bulkit bénéficient-ils d’une protection renforcée ?
Michel Couderc : Oui. Pour ce type d’application, nos mélangeurs sont fabriqués en acier inoxydable. Dans d’autres cas comme l’alimentation animale, l’acier doux suffit, mais nous pouvons aussi utiliser du Creusabro, un acier très résistant à l’abrasion, pour les applications de traitement de sable par exemple.
JDV : Chacun des mélangeurs qui sort de vos ateliers est fabriqué sur mesure ?
Michel Couderc : Nous avons une gamme de produits qui va de 120 litres pour les matériels de laboratoire à 15 000 litres pour les plus grosses installations. Existent des 800 l, 2 000 l, 5 000 l, 7 500 l et 10 000 litres. Par ailleurs, nous adaptons en amont et en aval du mélangeur tous les convoyeurs au besoin du client.
JDV : Les mélangeurs à tambour ne représentent qu’une partie de votre activité. Quelles sont vos autres fabrications ?
Michel Couderc : Les trémies, les convoyeurs, les broyeurs de mottes, les cribles, les décamionneurs, les sauterelles, les élévateurs à godets, les ensacheuses de big-bags...
JDV : Vous arrivez à fabriquer tous ces produits avec seulement dix personnes ?
Michel Couderc : Oui, plus quelques personnes que nous connaissons bien et qui travaillent pour nous en CDD quand c’est nécessaire.
JDV : Nous traversons un période un peu difficile sur le plan économique. Êtes-vous touchés?
Michel Couderc : C’est surtout la reprise d’une entreprise qui est une période difficile, sans compter qu’il nous a fallu absorber notre déménagement. Aujourd’hui nous avons passé ce cap et nous nous préparons réellement à écouter les marchés. D’autant que nous avons ajouté à notre offre la distribution de convoyeurs industriels au travers de la société espagnole Cintasa avec laquelle nous avons officiellement signé un contrat cette année.
JDV : Vous êtes distributeur exclusif des convoyeurs Cintasa en France et à l’étranger ?
Michel Couderc : Nous sommes effectivement importateur/distributeur, depuis peu de temps. Les retombées de cet accord de distribution n’ont pas tardé, puisque nous venons de signer une première commande pour une installation au Qatar.
JDV : Pourquoi avoir ajouté cette activité de distributeur à votre métier de constructeur ?
Michel Couderc : Auparavant, la société Bulkit achetait parfois à Cintasa des sauterelles fabriquées en acier doux. En effet, nous fabriquons des sauterelles en acier inoxydable pour répondre à la demande dans le domaine des engrais. Cependant, dès qu’il n’est plus nécessaire d’utiliser de l’inox, les tarifs que l’on obtient à l’importation en achetant des sauterelles en provenance d’Espagne permettent, tout en maintenant un niveau de qualité, de fournir à nos clients un matériel à un prix intéressant. Ainsi, après quelques mois de découverte de Bulkit, j’ai décidé de rencontrer nos amis espagnols à Saragoza pour accentuer nos relations et devenir leur distributeur exclusif. Pour Bulkit l’intérêt est triple : élargissement de la gamme proposée en toute sérénité (120 personnes chez Cintasa sous ISO 9001) ; élargissement de la clientèle aux secteurs industriels (mines, carrières…) ; nouvelles capacités à répondre à tout projet de manutention de produits vracs (jusqu’à 1 200 t/h) pour la France et pour l’export.
JDV : S’agit-il d’un échange ? Est-ce que Cintasa distribue les produits Bulkit ?
Michel Couderc : Non. Pour l’instant nous ne le souhaitons pas.
JDV : Quelle part de votre chiffre d’affaires est effectuée à l’export ?
Michel Couderc : C’est variable. L’an dernier, la part export était très importante puisque nous avons vendu des installations au Ghana, au Gabon, en Pologne soit environ 40 % de notre production. L’année précédente l’export n’était que d’environ 10 %. Bien sûr il s’agit pour l’instant d’équiper des entreprises françaises implantées à l’étranger et qui nous font confiance pour leurs installations dans d’autres pays. La phase export proprement dite de Bulkit va venir ultérieurement. Faire une démarche volontaire à l’export est assez facile, mais il faut disposer de moyens financiers suffisants. J’ai été responsable export auparavant et je connais bien ce sujet.
JDV : Quelle est la démarche commerciale de Bulkit ?
Michel Couderc : Nous avons dans notre équipe Olivier Poudoulec un technico-commercial qui a plus de quinze ans d’ancienneté. Il connaît autant nos matériels de séchage que ceux de mélange et travaille sur la France entière. Son rôle consiste essentiellement à répondre à des appels d’offre. Lorsqu’un client potentiel manifeste son intérêt, nous nous déplaçons, nous regardons son projet et nous étudions de façon précise son besoin. Plus généralement, notre démarche commerciale s’appuie sur une communication par le biais de mailings, de magazines et de salons professionnels.
JDV : La période qui va du premier contact à la mise en route est-elle généralement longue dans votre domaine d’activité ?
Michel Couderc : C’est très variable, nous avons déjà réalisé des commandes faisant suite à des devis initiés trois années auparavant. Ces commandes sont restées en sommeil parce que le client avait, par exemple, besoin d’obtenir le budget, ou encore de tenir compte de la stratégie d’autres sites industriels de son groupe. Le processus d’achat chez les industriels est parfois long. Nous devons alors réactualiser les dossiers lorsqu’ils sont réactivés. à l’inverse, nous avons parfois des commandes qui doivent être réalisées dans des délais très courts : exemple un élévateur à godet en dix jours, livré et monté ! Ou une sauterelle
JDV : Aujourd’hui, du fait de la crise, y a-t-il une baisse de commandes ?
Michel Couderc : Le fait d’être présent sur des marchés différents avec des produits bien différenciés permet à une structure telle que la nôtre d’être pérenne. Même si la demande sur un type de produit baisse, les autres activités permettent de compenser.
JDV : Quels sont les secteurs qui se portent bien en ce moment ?
Michel Couderc : Il y a une vraie demande pour les générateurs d’air chaud, notamment dans le domaine agricole. Nous avons également des projets dans le domaine des engrais en France et à l’export. Nous commençons aussi à intéresser le secteur de l’environnement avec des applications comme celle du sable souillé par des hydrocarbures ou encore la revalorisation de divers produits ou déchets.
JDV : Estimez vous être sur un marché fortement concurrentiel ?
Michel Couderc : Nous avons de la concurrence en France et à l’étranger, mais dans des proportions acceptables.
JDV : Pensez-vous qu’il y ait un potentiel intéressant de marché à l’export ?
Michel Couderc : Oui, il y a un potentiel intéressant que nous n’avons pas encore exploité. Le fait d’avoir ajouté les convoyeurs Cintasa dans la gamme Bulkit nous permet d’élargir notre portefeuille clients. L’ensemble nous permet de faire connaître Bulkit pour sa propre activité de mélange et de traitement de différents produits en vrac.
JDV : Jouez vous le rôle d’ensemblier auprès de vos clients ?
Michel Couderc : Nous ne sommes pas des ensembliers, cependant nous fournissons des installations de mélange complètes et sur-mesure depuis le décamionneur jusqu’à l’ensachage big bag en passant par les convoyeurs, le pesage et bien sûr le mélange. Nous concevons, construisons, livrons, installons et effectuons la mise en route de ces installations.
JDV : Tout cela avec une équipe de seulement dix personnes ?
Michel Couderc : Oui. Nous nous sommes organisés. C’est le fruit d’un travail assez long. Dès que j’ai repris la société, j’ai fait appel à des ingénieurs pour modéliser l’ensemble de la fabrication. Nous travaillons sur des logiciels 3 D Autocad, tout cela nous permet d’avoir nos gammes de matériels prêtes à être fabriquées tout en étant adaptées à la configuration du site de notre client.
JDV : Parallèlement vous développez de nouveaux matériels ?
Michel Couderc : Nous le faisons généralement pour répondre à une demande de nos clients. C’est le cas du mélangeur à tambour avec système de séchage. Pour répondre à cette attente, nous sommes passés effectivement par les phases de dessin, puis de prototype, pour arriver, après différents essais, à fabriquer un matériel très spécifique.
JDV : Maintenant il faut que vous trouviez de nouveaux acquéreurs ?
Michel Couderc : Oui. Il nous reste à faire connaître ce produit pour de nouvelles applications.
JDV : Par le biais de votre site internet ?
Michel Couderc : Entre autres, mais notre site internet actuel est une version simplifiée qui va être très nettement améliorée au cours de l’année qui vient.
JDV : Comment voyez-vous les cinq prochaines années de Bulkit ?
Michel Couderc : Positives et en forte croissance.
JDV : Vous êtes plutôt optimiste dans une période assez morose sur le plan économique ?
Michel Couderc : Je suis optimiste car nous avons un fort potentiel de développement, nous disposons d’un savoir-faire et de véritables capacités de production. Il nous reste juste à faire savoir qui nous sommes et ce que nous faisons. Comme nous sommes capables de répondre techniquement à la demande, nous allons enregistrer des commandes. Nous avons passé la phase de reprise et de reconfiguration de l’entreprise, nous sommes maintenant dans la phase dynamique d’approche de nouveaux marchés en France et à l’export.
JDV : Donc, aucun regret d’avoir repris une entreprise ?
Michel Couderc : Aucun. Il y a effectivement une part de risques qu’il faut assumer, mais c’est une aventure formidable malgré tous les soucis qu’elle peut générer. Sans compter que pour moi, c’est un vrai plaisir de travailler avec du personnel comme il en existe chez Bulkit, qui plus est, dans le secteur du mélange et de la manutention de produits vracs.