Le 7 février 2008, un accident dramatique s'est déroulé à l'usine d'Imperial Sugar, à Port Wentworth, en Géorgie, aux États-Unis. Des explosions en série ont été provoquées par une négligence de l'industriel. Explications.
Le site d'Imperial Sugar a été inauguré en 1917 et s'est développé pour devenir l'un des plus grands sites de production et de conditionnement de sucre des États-Unis. Le sucre cristallisé était stocké dans trois silos de 30 mètres de haut, puis dirigé vers des postes de conditionnement ou il était emballé avant expédition. Pour transporter le sucre, Imperial Sugar utilisait des d'élévateurs à godets, des convoyeurs à vis et des bandes transporteuses. En cours de process, du sucre se répandait sur le sol des zones de travail : la couche de sucre pouvait atteindre plus de 10 cm de hauteur à certains endroits. Le sucre contenait aussi des particules fines qui s'accumulaient dans l'air ( 500 µm).
Le site de Port Wentworth après la catastrophe.
Un système de dépoussiérage sous-dimensionné
L'industriel utilisait des broyeurs à marteaux afin de transformer le sucre cristallisé en sucre en poudre, créant de la poussière. Un système d'aspiration était en place, mais il était sous-dimensionné et en mauvais état. Le système d'aspiration n'était pas connecté aux élévateurs à godets ni aux bandes convoyeuses. Les opérateurs utilisaient de l'air comprimé pour nettoyer les machines, générant alors la dispersion des poussières dans le bâtiment. La poussière de sucre s'accumulait dans des endroits situés en hauteur difficiles à nettoyer : canalisations, poutres, abat-jours d'éclairage, etc. Ces opérations n'étaient pas suffisantes pour maintenir un niveau d'empoussièrement sous le seuil de dangerosité.
Installations d’un capotage en acier
Le sucre cristallisé tombait par des goulottes sur une bande transporteuse dans une galerie située sous les silos. De temps en temps, des mottes de sucre restaient coincées dans la goulotte, provoquant alors une accumulation de produit sur la bande et le projetant au sol. Cela engendrait inévitablement une dispersion de la poussière dans la galerie. Le volume et la ventilation de la galerie permettaient de ne pas atteindre la concentration de poussière propice à l’explosion.
Afin de protéger le sucre d’éventuelles contaminations, Imperial Sugar avait décidé en 2007 d’enfermer la bande transporteuse dans un capotage en acier. Aucun système de dépoussiérage n’avait toutefois été prévu. Lorsque des mottes de sucre bloquaient la goulotte, la poussière était piégée et s’accumulait dans l’enceinte. Le 7 février 2008, la poussière est entrée en contact avec une source d’inflammation – probablement un palier en surchauffe –, ce qui a engendré une explosion primaire.
Des explosions en série
L'explosion primaire a détruit le capotage de la bande transporteuse situé dans la galerie, puis elle s'est propagée par l'élévateur à godets. Les nuages de poussières présents dans les bâtiments ont alimenté une série d'explosions secondaires en chaîne. Les planchers en béton de la structure ont cédé, relâchant des tonnes de sucre dans les flammes. Les exercices d'évacuation d'urgence n'avaient pas été effectués. Cet accident a entraîné le décès de quatorze personnes. On dénombre également 38 blessés, dont quatorze blessés graves (brûlures).
Un faux sentiment de sécurité
À la suite de l'accident, le Chemical Safety and Hazard Investigation Board (CSB) a pu trouver des courriers datant des années 1950 qui démontrent que la direction de l'usine était consciente des risques d'explosion des poussières de sucre et des dangers liés aux accumulations de poussières. Malgré tout, aucune solution de sécurité n'avait été mise en place. Imperial Sugar avait déjà connu plusieurs incendies dans son process, sans pour autant provoquer d'explosions de poussières se propageant dans l'usine. Les enquêteurs ont indiqué que des dizaines d'années sans explosion catastrophique ont pu conduire la direction d'Imperial Sugar à un faux sentiment de sécurité.